
À la recherche d’un beau film sensible, sans tomber dans le larmoyant ? En fanfare est fait pour vous ! Bien plus qu’un film autour de la musique, il porte aussi une véritable dimension sociale qui le rend profondément fédérateur. Que vous jouiez d’un instrument ou pas. Que vous aimiez la musique classique ou non. Que vous soyez familier de l’univers des fanfares… ou pas du tout. Peu importe : cette histoire peut toucher chacun, car son propos dépasse largement la question musicale.
Ici, la musique devient un lien, celui qui unit et réunit, et la relation entre ces deux frères en est la clé.
Sorti en 2024, En fanfare est un film français réalisé par Emmanuel Courcol, acteur, scénariste et cinéaste. Son précédent long-métrage, Le Triomphe (2020), porté par Kad Merad et inspiré d’une histoire vraie, avait été très bien accueilli. Déjà, il mettait en avant la question du lien social, un thème que l’on retrouve au cœur d’En fanfare. J’ai entendu parler de ce film sur France Inter dans l’émission On aura tout vu1. Benjamin Lavernhe, Pierre Lottin et Jacques Bonnaffé y étaient invités pour en parler avec tant de passion et de sincérité que ma curiosité a immédiatement été éveillé
Toucher la corde sensible sans fausses notes
Dans cette histoire, deux univers opposés sont amenés à se rencontrer, parfois même à se confronter. D’un côté, la musique résiliente d’un frère prêt à réparer une injustice ; de l’autre, la possibilité de sauver l’aîné grâce à une greffe.
Le point de départ
Thibaut, chef d’orchestre de renommée internationale, s’effondre en pleine représentation. Les examens révèlent une leucémie. Une greffe pourrait le sauver… mais aucun membre de sa famille ne semble compatible. C’est alors qu’un secret de famille remonte à la surface : Thibaut a été adopté et a un frère cadet, Jimmy, qu’il ne connaît pas.
Thibaut a grandi à Meudon, Jimmy est resté dans le Nord. Il travaille dans la cantine d’une usine et vit avec la femme qui l’a élevé. Ce rapport au secret de famille, traité sans lourdeur, apporte à ce film une remarquable justesse. Thibaut maîtrise plusieurs instruments, Jimmy joue du trombone dans une fanfare ouvrière. Peu à peu, Thibaut entre dans la vie de son frère, et tous deux découvrent une passion commune : le jazz.
Par ailleurs, je découvrais ici Pierre Lottin, loin de l’univers de la saga des Tuches. Sa sincérité, sa délicatesse, sa capacité à incarner Jimmy sont saisissantes. Pierre Lottin a même pratiqué le trombone neuf heures par semaine pendant trois mois. Benjamin Lavernhe, lui s’est entraîné pendant deux mois pour maîtriser le rôle de chef d’orchestre. En plus de cette sincérité des acteurs, dont la véritable fanfare de Lallaing2, donne l’impression de faire partie du village. La simplicité, l’authenticité, la chaleur humaine nous embarquent au rythme du métronome fraternel. « Tu sais ici, c’est fanfare ou foot » dit Jimmy à son frère. L’ambiance populaire qui règne tout autour de cette fanfare soude les habitants. D’ailleurs, le travail d’ambiance et le décor sont particulièrement réussie : couleurs chaudes et froides alternent, les paysages du Nord, les intérieurs, tout concourt à rendre le récit sincère et immersif.
De l’inattendu en chef d’orchestre
« C’est un travail patient et long d’Emmanuel Courcol, dans l’élaboration du scénario et la manière dont il a poussé le montage et résolu le film de manière presque magique. » déclare Jacques Bonnafé. Thibaut aurait pu paraître antipathique, vu son statut social. Au contraire, cette rencontre donne à Jimmy l’ambition de vouloir réaliser ses rêves. Jimmy rêve de devenir musicien professionnel et de jouer dans un orchestre symphonique. En secret, il se prépare pour une audition. La rencontre avec Thibaut a soufflé ce vent d’ambition, mais son frère connaît le milieu : il sait que certaines portes ne s’ouvrent qu’au prix de sacrifices immenses et pour quelques privilégiés. Thibault sera là pour le ramener à la raison et l’accompagner à prendre confiance en lui et oser. Thibaut se heurte aussi à ses propres limites, et Jimmy sera là pour le relever. L’un bourgeois un peu maladroit avec le monde populaire, l’autre garçon du Nord qui regarde les bourgeois avec distance : tout fonctionne. On sent un vrai travail pour dépasser les clichés, et cela fait du bien. On en manque dans le cinéma français.Je ne vais pas vous mentir : parfois, le sourire se pince un peu. On s’attend à deviner la fin… et pourtant, non. L’histoire alterne les moments légers et les moments plus mélodramatiques et dès que tout semble trop facile à deviner, l’histoire prend un autre virage.
On sourit donc, on rit même par instants. Et l’on verse une larme, parce que ces deux frères sont crédibles, parce qu’on a de l’empathie pour eux. Les barrières qui les séparent ne sont pas infranchissables. La fanfare exige apprentissage et assiduité, tout comme la musique classique. Si la première crée du lien social, la seconde touche les amateurs et amatrices d’une autre façon. Ces mondes ne sont pas opposés : ils se répondent.
Sans tambour ni trompette, mais un accueil en fanfare
Avec 2,5 millions d’entrées en France, En fanfare a rencontré un succès inattendu auprès du public. Le public a accueilli ce film avec enthousiasme et fierté. Malgré 7 nominations aux César, le film est reparti sans récompense mais l’harmonie de Lallaing, la fanfare du film; reste fière de ces deux années d’aventure. Il abolit les frontières musicales entre amateurs et professionnels et les amatrices de fanfare s’y sont retrouvés.
Avec En Fanfare, D’Aznavour à Ravel, il n’y a qu’un pas : la musique résonne à tout âge, dans tous les milieux. Dans tous les cœurs, elle bat à l’unisson.
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